Ce module va nous aider à mieux comprendre ce que sont les gammes
et les modes et quelles sont leurs utilisations. Nous y aborderons
les notions d'harmonie et d'intervalle.
Nous verrons également le doigté de ces différentes gammes mais
n'entrerons pas dans la pratique qui fera l'objet d'un autre module.
Les divisions de l'octave, telles que nous les connaissons
aujourd'hui dans la musique occidentale n'ont pas toujours été les
mêmes et elles sont totalement différentes dans d'autres styles de
musiques : arabe, chinoise ou indienne par exemple. Certaines peuplades ne
connaissent que la gamme harmonique.
En effet, il y a deux lois qui gouvernent l'harmonie. La
première est mathématique ; elle détermine les intervalles
naturels de tout son produit par un instrument.
Une note qui se situe une octave au-dessus d'une autre a une fréquence
double de celle-ci.
La quinte d'une note a une fréquence de 3/2 de celle-ci.
Ce rapport mathématique entre les notes est bien mis en valeur par
l'utilisation des harmoniques.
La deuxième loi de division de l'octave est historique ou
religieuse. L'octave n'a pas toujours été divisée en 12
demi-tons. Elle l'a déjà été en 5 ou même en 24 notes.
La première de ces divisions existe encore, il s'agit des gammes
pentatoniques. Une division en 24 notes est impossible puisque la
musique occidentale n'utilise par de demi-dièse ou de demi-bémol.
Le nombre 12 a une connotation astrologique ou biblique (12 représente la
plénitude, le tout).
12, enfin est le plus petit dénominateur commun des
fractions 1/2, 1/3 et 1/4 qui sont le
rapport des principaux d'intervalle : l'octave, de la quinte
et de la quarte.
Les premières gammes nous viennent de la Grèce antique. Leur nom provient de régions grecques : Ionien, Dorien, Phrygien, Lydien, Mixolydien, Aeolien, Locrien. Chacune comporte 8 notes de la tonique à son octave. Elles correspondent aux touches blanches d'un clavier. On monte ces gammes en n'utilisant que les touches blanches du clavier et en partant à chaque fois d'une autre note.
On donne à ces gammes antiques de nom de mode. Elles se
caractérisent par leur tonalité et leur modalité. Le mode
Ionien par exemple va de Do à Do. Do est sa tonalité. Ses intervalles
: 1 ton, 1 ton, 1/2 ton, 1 ton, 1 ton, 1 ton, 1/2 ton constituent sa modalité.
A l'origine ces intervalles étaient ceux d'une gamme descendante. Au Moyen
Age, cet ordre fut inversé. Les intervalles des modes d'origine furent
conservés mais dans le sens ascendant. Le mode Dorien, par exemple, qui
descendait du Mi au Mi, monte maintenant du Ré au Ré. Ce sont mes mêmes
intervalles mais dans l'autre sens.
Le système modal fut à l'origine de mélodies
caractérisées par le mode qui les gouvernait mais peu à peu, à partir du
XVI° siècle, la polyphonie se développe et avec elle le système tonal.
La musique s'écrit alors dans une certaine tonalité caractérisée
par une armure et les intervalles sont établis par
rapport à la tonique.
Le concept de gammes mineures et majeures apparaît. La gamme
diatonique majeure reprend les intervalles du mode Ionien et
la gamme diatonique mineure ceux du mode Aeolien.
Nous allons étudier, dans les fiches suivantes, différents types de gammes. Nous reviendront plus tard sur les modes et leur utilisation
Une gamme est une succession de notes suivant des intervalles
précis entre une note donnée et son octave. C'est le nombre, l'ordre
et la taille de ces intervalles qui déterminent le type de la gamme.
Nous avons déjà évoqué, au cours des exercices de base, la gamme
chromatique qui est composée de 12 intervalles d'un demi-ton.
Cette gamme couvre la totalité des notes.
Elle est un peu particulière parce qu'elle comporte 13 notes de sa fondamentale
ou tonique (note de départ) et son octave. Ce terme d'octave
perd d'ailleurs son sens parce qu'il signifie huitième et précise
qu'une gamme est composée de 8 notes et donc de 7 intervalles.
Ces intervalles seront de 1, 2 voire 3 demi-tons.
La gamme la plus répandue est la gamme diatonique majeure elle est composée de 7 intervalles. 5 d'un ton et 2 d'un demi-ton entre les 3ème et 4ème notes et entre les 7ème et 8ème notes. Cette gamme est qualifiée de majeure en raison de l'intervalle de 2 tons entre la première et la troisième note ; c'est un intervalle de tierce majeure (voir tableau des intervalles dans les extras).
Quelle que soit la note de départ, une gamme reste majeure si ces
intervalles sont respectés.
Ainsi la gamme de Do majeur ne comprend aucun dièse et aucun
bémol. En revanche, la gamme de Sol majeur comprend un Fa
dièse. Le Fa, qui est la 7ème note de la gamme de Sol majeur, est diésé
pour conserver l'intervalle d'un demi-ton entre la 7ème et la
huitième note.
C'est pour cette raison que l'armure d'un morceau en Sol majeur
comprend un Fa dièse (voir les deux tableaux plus bas).
Pour illustrer les intervalles des gammes nous allons utiliser des
tableaux comme ceux qui suivent.
Les cases blanches indiquent les notes de la gamme et les
cases en couleur la taille des intervalles entre ces notes.
Elles ont le plus souvent un Do comme tonique. C'est la notation anglo-saxonne qui a
été utilisée.
Gamme diatonique de Do majeur
Gamme diatonique de Sol majeur
Vous pouvez voir la différence entre la gamme de Do majeur et la gamme de Sol majeur où la 7ème note est diésée. Cette modification est nécessaire pour conserver à la gamme les caractéristique qui font d'elle une gamme majeure ; ses intervales
Il existe trois types de gammes mineures : la gamme mineure relative ou naturelle, la gamme mineure harmonique et la gamme mineure mélodique. Elles sont toutes différentes en fonction de leurs intervalles propres mais ont une chose en commun : l'intervalle d'un ton et demi entre la première et la troisième note. Un intervalle de tierce mineure. La gamme majeure, elle, avait un intervalle de tierce majeure entre la première et la troisième note.
Cette gamme est également appelée gamme mineure relative. Chaque
gamme majeure a en effet une gamme mineure relative. Pour le Do majeur
il s'agit du La mineur.
Ces deux gammes ont la même armure (aucun dièse ni bémol).
Sur la portée ci-dessous, nous avons superposé une gamme de Do majeur
et une gamme de La mineur. Vous pouvez voir que la tonique de
la gamme majeure se trouve exactement une tierce mineure
au-dessus de celle de la gamme mineure.
Do majeur
Do mineur naturel
Vous pouvez facilement trouver la relative mineure d'une gamme
majeure, il suffit de prendre comme tonique, la 6ème note
de la gamme et de monter la gamme en gardant la même armure.
Vous pouvez le vérifier, ici, avec la gamme de Do majeur ou avec la gamme
de Sol majeur de la fiche précédente.
La relative de Sol majeur et Mi mineur et son armure
comprend un Fa dièse.
A l'inverse on prend la 3ème note de la gamme mineure pour
trouver sa relative majeure.
Les lois qui gouvernent la construction des accords permettent de
construire la gamme mineure harmonique. En effet, dans le module
consacré aux accords nous voyons que l'on peut construire un accord
parfait à partir de chaque note de la gamme et que le plus
important est l'accord de dominante construit à partir de la 5ème
note. Pour que cet accord puisse être majeur on dièse la
7ème note de la gamme pour la placer une tierce majeure
au-dessus de la 5ème note.
Do mineur harmonique
La modification de la gamme mineure naturelle en gamme
mineure harmonique a creusé l'écart entre la 6ème et
la 7ème note. Pour réduire cet écart nous allons monter
d'un demi-ton la 6ème note. Cela crée une gamme plus mélodique
à l'oreille.
Do mineur mélodique
Tout cela peut vous sembler obscur mais ne vous inquiétez pas. Ces lois sont surtout importantes pour ceux qui se destinent à la composition. Le jeu de ces différentes gammes sera abordé plus loin et c'est cela l'essentiel pour l'instant.
Le concept de mode a été vu dans l'introduction de ce
module. Nous allons voir ici, les différents intervalles de ces
modes en tonalité de Do et donner quelques précisions sur leur utilisation.
Elles offrent en effet une alternative aux gammes diatoniques
que nous avons déjà étudiées.
Comme nous l'avons vu, les gammes se caractérisent par l'intervalle qui
existe entre la première et la troisième note de la gamme. S'il est
de 2 tons (tierce majeure), on est en présence d'une gamme
diatonique majeure, s'il est d'un ton et demi (tierce
mineure), il s ‘agit d'une gamme mineure. Il en va de même pour
les modes.
Mode Ionien
Le mode ionien est un mode majeur, il est à l'origine de la gamme diatonique majeure. Ces intervalles lui sont identiques, il a donc la même sonorité.
Mode Dorien
Le mode Dorien est un mode mineur il diffère de la gamme mineure naturelle car sa 6° note est diésée. Il est encore très utilisé notamment en tonalité de Ré sans altération à la clef. En effet, l'armure, en Ré mineur, comprend un Si bémol qui se trouve être la 6° note de la gamme. en supprimant, le bémol à la clef, on monte la 6° note d'un demi-ton.
Mode Phrygien
Le mode Phrygien est un mode mineur dont la deuxième note est bémolisée. Cet intervalle n'est pas utilisé dans les gammes diatoniques mais on le retrouve dans les gammes énigmatique et hongroises.
Mode Lydien
Le mode Lydien est un mode majeur. Il difère de la gamme diatonique majeur par sa 4° note diésée. En tonalité de Do, ses notes sont identiques à celle de la gamme de Sol majeur.
Mode Mixolydien
Le mode Mixolydien est un mode majeur, très utilisé en jazz et en blues. A l'instar du mode Dorien, il est utilisé en tonalité de Sol sans altération à la clef.
Mode Aeolien
Le mode Aeolien est un mode mineur, il est à l'origine de la gamme mineure naturelle. Il possède les même intervalles et sa sonorité lui est donc identique.
Mode Locrien
Le mode Locrien est un mode diminué puisque sa tierce est mineure et sa quinte diminuée. Il est très peu utilisé en musique occidentale mais se retrouve dans la musique indienne ou japonaise.
Les modes offrent une alternative intéressante aux sonorités traditionnelles des gammes diatoniques. Personnellement, j'utilise beaucoup les modes Dorien et Mixolydien. Je le faisait déjà avant de savoir de quoi il s'agissait. Je trouvais simplement ces sonorités agréables.
Sur la fiche suivante nous allons voir quelques gammes qui ne rentre dans aucun des schémas déjà étudiés. On les appelle des gammes artificielles.
Les gammes diatoniques que nous avons étudiées ne sont pas les seules existantes. D'autres gammes ont vu le jour grâce à des découpages différents de l'octave en 5, 6, 7 ou même 8 intervalles. Ces gammes sont surtout utilisées par les musiciens de jazz qui ont su exploiter d'autres manières la palette de la gamme chromatique. On les appelle des gammes artificielles.
Gamme par ton
La gamme par ton, comme son nom l'indique divise l'octave
uniquement avec des intervalles d'un ton. C'est une gamme
majeure augmentée puisque que sa troisième note est la tierce
majeure de la tonique et que la cinquième en est la quinte augmentée.
Seules 2 gammes servent à couvrir toutes les tonalités ; l'une en
Do et l'autre en DO#/Réb.
Gamme pentatonique majeure
Gamme pentatonique mineure
La gamme pentatonique est certainement originaire d'extrême-orient.
Elle s'est répandue dans d'autres musiques traditionnelles et est souvent
utilisée en musique occidentale par les musiciens de jazz et de rock.
Comme son nom l'indique, il s'agit d'une gamme à 5 tons.
Il existe deux gammes pentatoniques : une gamme majeure qui est
identique à une gamme diatonique majeure dont on a retiré la 4°
et la 7° note et une gamme mineure qui est une gamme
diatonique mineure dont ont a retiré la 2° et la 6°
note.
Comme pour les autres gammes, c'est l'intervalle entre la tonique et la
troisième note qui détermine si la gamme est majeure ou mineure.
Dans le cas de la gamme pentatonique mineure, c'est l'écart
entre la tonique et la deuxième note effective de la gamme qui est
pris en compte, puisque comme nous l'avons vu, la 2° note de la gamme
à été supprimée et donc la tierce de la tonique se trouve en 2°
position.
Gamme diminuée
La gamme diminuée partage l'octave en 8 intervalles. Sa quinte
est diminuée et sa tierce mineure. Elle porte également le
nom de gamme symétrique en raison de l'alternance des
intervalles : 1 ton, 1 demi-ton...
Plusieurs gammes diminuées partagent les même notes. Il suffit de trois
gammes diminuées pour couvrir les 12 tonalités.
Nous pourrons le vérifier dans le module consacré au accords grâce aux
accords diminués qui sont bâtis sur la 1°, la 3°, la 5° et la 7° note de
la gammes diminuée. 3 positions d'accord servent à couvrir les 12
tonalités.
Il existe bien d'autres gammes qui diffèrent des gammes diatoniques. En voici quelques unes parmi les plus utilisées.
Gamme hongroise
Gamme napolitaine
Gamme napolitaine mineure
Gamme énigmatique
Nous en avons terminé avec la théorie.
Nous avons vu comment étaient découpées les gammes diatoniques qui
sont les plus utilisées.
Nous avons également étudié les modes antiques qui sont a
l'origine des gammes diatoniques modernes et nous avons vu que l'on
pouvait découper l'octave avec d'autres intervalles pour créer de
nouvelles gammes.
Le module "La pratique des gammes"
nous permettra de mettre en pratique toute cette théorie.
La pratique des gammes est essentielle car elle permet de délier
les
doigts et de mieux connaître la position des notes sur le
manche de la guitare. De nombreux guitaristes débutants négligent ces
exercices et n'y viennent que plus tard s'apercevant des lacunes de leur
jeu ou de leur incapacité à improviser sur un thème.
Une pratique régulière des gammes vous permettra d'être à
l'aise en toutes situations et vous donnera l'aisance
nécessaire si vous vous vous destinez à la carrière de soliste.
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